Des fossés entourent le Fort

Eléments importants de la fortification Séré de Rivières, des fossés secs entourent le Fort de Bron sur 1, 6 km. Leur largeur de 7 mètres et leur profondeur de 7 à 8 mètres constituent  un obstacle au franchissement  d’éventuels assaillants.

Fossés du Fort de Bron ( Sur la photo : à droite du fossé le mur d’escarpe, à gauche le mur de contrescarpe)

Côté Ouest, au niveau de l’entrée du Fort  située à la gorge de l’ouvrage , la largeur des fossés est portée à une douzaine de mètres. C’est à cet endroit qu’un pont dormant, à l’origine en bois permet aux visiteurs le franchissement des fossés. Par la suite, le pont a été modernisé et reconstruit en béton en 1900.

A ce niveau des fossés, « l’Arc Club de Bron » a disposé ses cibles pour l’entrainement des archers adhérents de leur club. (Voir photo ci-dessous)

Des fossés secs entourent le Fort de Bron. Murs d'escarpe et de contre-escarpe bordent les fossés.
Fossés du Fort de Bron au niveau de la « gorge » / le pont dormant franchissant les fossés / Le chemin de ronde derrière le mur intérieur.

De nos jours, à l’extérieur du mur d’enceinte, un «parcours de santé» permet aux promeneurs de faire le tour complet. du Fort.

Le parcours de santé logeant les murs d’enceinte du Fort de Bron

La terre enlevée au cours de la construction des fossés a servi à recouvrir les bâtiments situés à l’intérieur du Fort afin d’en assurer la protection contre les tirs des canons ennemis.

Les fonds du fossé doivent être conçus afin d’éviter que les eaux de pluie et de ruissellement s’accumulent, stagnent en créant des zones malsaines. Ces eaux, en imprégnant les terres peuvent également provoquer des glissements des talus et des tassements de maçonnerie. Dans les fossés, l’emplacement d’une cunette, sorte de caniveau qui canalise et évacue les eaux des fossés est encore discernable par endroit.

Les pentes des fossés sont calculées pour diriger les eaux dans la cunette. Cette dernière doit être curée régulièrement pour jouer pleinement son rôle.

Le mur d’escarpe

Sur les côtés intérieurs des fossés, le mur d’escarpe fait barrière aux assaillants.

En cas d’attaque, l’emploi de tirs plongeant par les assaillants permettait de pratiquer des brèches à distance à condition que les projectiles atteignent la muraille avec une inclinaison convenable et une force suffisante. Il fallait alors que le mur soit détruit assez bas pour que celui-ci s’effondre et qu’une masse de terre suffisamment déplacée forme une rampe permettant aux assaillants d’investir le Fort.

Ceci explique en partie l’abaissement de la hauteur des murs d’escarpe dans l’histoire des fortifications.

Mur d’escarpe du Fort de Bron / Derrière le mur le chemin de ronde

Derrière le mur d’escarpe, le chemin de ronde encercle le Fort.

Chemin de ronde du Fort de Bron - ( le ravelin et le pont dormant visibles en arrière plan)
Chemin de ronde du Fort de Bron – ( le ravelin et le pont dormant visibles en arrière plan)

Dans le fossé, à la base du mur d’escarpe, pour en garantir sa solidité,  on observe des petites ouvertures permettant l’écoulement des eaux s’infiltrant dans le sol situé  sous le  chemin de ronde (voir la photo ci-dessous).

Base du mur d’escarpe / Orifice maçonné permettant l’écoulement des eaux issues du talus caché par le mur

Les meurtrières du mur d’escarpe

Le mur d’escarpe, percé de  150  meurtrières, une meurtrière tous les 10 mètres sauf au niveau des caponnières,  cache le chemin de ronde du Fort.

meurtrière du mur d’escarpe vue du fossé / Voir la « couvertine » en pierre protégeant le mur

Les meurtrières du mur d’escarpe ou « créneaux verticaux » ont un évasement vers l’intérieur, c’est à dire du coté du chemin de ronde. Le défenseur placé derrière un créneau de ce style peut tirer vers la droite ou vers la gauche, mais il est alors obligé de se déplacer devant l’ouverture ce qui diminue la rapidité de son tir. A noter, que pour éviter ce problème, on peut trouver des créneaux à « évasement extérieur », la plus grande ouverture étant vers l’extérieur du mur. Mais dans ce cas, ce style de créneau offre une cible plus large aux tirs des assaillants.

« Créneau vertical » du mur d’escarpe vu du chemin de ronde du Fort de Bron

Le mur a subi les outrages du temps. Sous l’alternance du gel et du dégel et de l’action de la végétation, les pierres se délitent. Aussi, des travaux de réfection réalisés en 1970-1972 (voir l’article du Progrès) ont permis une rénovation de certaines meurtrières. Pour cela, ont été utilisées des pierres provenant, comme à l’origine, des carrières de Trept dans le département de l’Isère.

Les caponnières du mur d’escarpe

Trois caponnières sont intercalées dans le mur d’escarpe, (une double en avant du fort et deux latérales). Les caponnières sont des casemates qui protègent les fossés. A l’intérieur des caponnières, des pièces d’artillerie pouvaient ouvrir le feu par les embrasures sur des assaillants qui auraient pu se trouver dans les fossés.

Ces pièces d’artillerie de faible portée étaient adaptées à cet usage car leurs tirs ne devaient pas détruire les murs de soutènement tout en gardant une grande efficacité contre la présence d’assaillants ayant investi les fossés.

La double caponnière avec ses créneaux  vue du fossé.
La double Caponnière de tête du Fort de Bron – ( A noter la présence d’eau stagnante dans le fossé à la base de la caponnière. Un rapport concernant un incident ayant eu lieu en 1890 éclaire également sur la présence d’eau à cette époque dans les fossés.)

Un fossé plus profond de 3 à 4 mètres appelé « fossé diamant » est creusé au pied des caponnières. Ce fossé sert en particulier à éviter que les amas de débris de maçonnerie provoqués par des tirs au pied des ouvrages ne viennent rapidement obturer les embrasures du mur.

Le fossé diamant  de la caponnière est ici rempli d'eau
Fossé diamant de la caponnière nord

Dans la caponnière une porte s’ouvre sur le fossé diamant (voir photo ci-dessous) : elle permet un accès au fossé en plaçant une petite passerelle au dessus du fossé diamant. Les soldats pouvaient utiliser ce passage pour rejoindre les galeries de contrescarpe situées de l’autre coté du fossé (Voir plus loin).

La porte située dans la caponnière permettant d'avoir accès au fossé diamant est visible en descendant quelques marches.
La porte située dans la caponnière permettant d’avoir accès au fossé diamant.
La porte permettant d’avoir accès au fossé placée au-dessus du fossé diamant

Le mur de contrescarpe

La création d’un talus en pente douce et dégagée autour du fort permet de voir les assaillants arriver et les obliger à passer par une zone sans protection avant d’atteindre les fossés. A l’opposé du mur d’escarpe, sur les côtés extérieurs des fossés, le mur de contrescarpe retient la poussée de terre de ce talus.

La qualité de la construction du mur de contrescarpe bien que couteuse a de l’importance : en effet, lorsqu’au cours d’une attaque, une brèche y est pratiquée les terres en s’éboulant forment une rampe qui peut faciliter l’assaut du Fort. Le mur de contrescarpe s’oppose à la descente des assaillants dans les fossés. En cas d’échec de l’assaut, il empêche la retraite des assaillants parvenus dans les fossés.

Sur la partie Ouest, la construction du  mur de  « contrescarpe » est réalisée selon  une architecture en arceaux de décharge.

Le parement en pierre taillée des arceaux est incliné. Les voutes des arceaux sont surmontées d’un mur d’un mètre d’épaisseur au sommet et protégé par une couvertine en pierre taillée.

Pour que le talus de terre se trouvant derrière le mur ne se dégrade pas sous l’action des intempéries, les arceaux sont aveuglés par un mur. Celui-ci peut être construit en pierres sèches ou en pierres jointes en béton maigre.

le mur de contrescarpe  avec des arceaux de décharge.
Mur de contrescarpe avec arceaux de décharge
Le mur de masque construit sous les arceaux du mur de contrescarpe est percé d'orifices permettant l'évacuation de l'eau du talus.
Contrescarpe / le mur de masque est percé d’orifices d’écoulement d’eau

A l’est, face à la caponnière double de tête, une galerie de contrescarpe complète la défense des fossés. Cette galerie à feux de revers, dont on doit le principe au chevalier d’Arçon présente une porte accessible dans le fossé au bas du mur.

Aujourd’hui, des moutons participent pleinement à l’entretien d’une grande partie des fossés. 

Les moutons entretiennent en se nourrissant les fossés.
Moutons dans les fossés du Fort de Bron
Moutons et canalisations d’eau des réservoirs VEOLIA

 L’autre partie des fossés joue le rôle de déversoir des eaux des deux grands réservoirs VEOLIA alimentant en eau la population.

Les fossés coté Veolia en 2018 : la végétation envahit les fossés.
Fossé du Fort de Bron – Partie déversoir des réservoirs d’eau VEOLIA en 2018
Fossé est du Fort de Bron coté "Veolia" (mai 2019) : les fossés ont été nettoyés.
Fossé est du Fort de Bron (mai 2019)