Le système Rohault de Fleury (1831-1860)

Le Fort de Bron s’inscrit dans l’Histoire des fortifications lyonnaises. Entre 1831 et 1860, un premier ensemble de fortifications est édifié de façon à faire de Lyon une puissante place forte. C’est le système Rohault de Fleury (1779-1866) du nom du Maréchal de Camp puis Général, Directeur des fortifications de la place de Lyon .

Les vieilles enceintes de la Croix -Rousse et de Fourvière seront restaurées et modernisées. Des forts détachés s’élèveront en avant des enceintes ainsi que sur la rive gauche du Rhône. Les défenses sont repoussées dans la plaine des Brotteaux, huit ouvrages sont construits reliés par des fossés. (voir sur la carte l’enceinte et les forts détachés).

Les travaux de terrassement débutent dès 1831. Ce chantier emploiera plus de 20 000 personnes. Les ouvrages respectent en général le tracé bastionné (alternance de courtines droites et de bastions en forme « d’as de pic » sur lesquels étaient disposés les canons de la défense). A noter qu’en dehors de l’artillerie placée sur les bastions hérités de Vauban, Rohauht de Fleury crée, pour les ouvrages construits entre 1831 et 1838, une deuxième crête d’artillerie sur une deuxième ligne de défense dominant la première, elle est appelée « cavalier ». Ce plan est abandonné pour les derniers ouvrages. Par exemple, le Fort de la Duchère montre un retour aux principes de fortification de Vauban.

Extrait carte de Lyon 1856 Les différents forts protégeant la ville –

Une enceinte  est également édifiée sur la rive gauche entre 1839 et 1847 reliant tous les forts entre eux. Constituée par un gros bourrelet de terre de 7-8 m d’épaisseur et d’un terre-plein utilisé comme voie de desserte, cette enceinte, sans un véritable intérêt militaire, a surtout pour but de percevoir l’octroi.

Ces ouvrages fortifiés n’ont jamais eu à faire face à une armée étrangère. En revanche, ils ont joué un rôle dans la répression des révoltes des canuts en 1834 et 1848 en servant, en autre, de base logistique lors des insurrections.

L’œuvre de Rohault de Fleury compte dix-huit ouvrages, distants de 600 et 800m les uns des autres, ceinturant Lyon sur 26 Km. Cette ceinture de forts détachés conçue plusieurs années avant Paris, est une nouvelle étape de la fortification du XIXème siècle.

Le système Séré de Rivières (1874-1893)

En raison des avancées de l’urbanisation de Lyon et des progrès de la portée de l’artillerie, un nouveau projet est réalisé entre 1868 et 1870 par Raymond-Adolphe Séré de Rivières alors Colonel de Génie nommé Directeur des fortifications de la place de Lyon.

Les écrits du colonel Leleu, Chef du Génie, nous apprennent que 5 redoutes furent construites à Bron pour une dépense de 2200 francs. Les redoutes du Petit Monchat (située au lieu-dit Les Brosses, au bout de la rue du Doyen Lépine dominant le boulevard périphérique actuel), de l’Aiguillon ( du nom de l’ingénieur des Mines qui participa aux travaux, au Mas de l’Araignée où se trouvaient les réservoirs de l’ancien « asile d’aliénés », le long du périphérique actuel), de Cognet (à la Ferrandière, à la hauteur du groupe scolaire Anatole France actuel) et des Essarts ou Aissarts sont rapidement construites sans grands moyens. Les redoutes de Bron ne connurent pas le baptême du feu, les prussiens n’attaquant pas Lyon en 1871. Ces ouvrages sont abandonnés quelques mois après la fin de la guerre. Par un décret du 7 décembre 1872, le ministère de la Guerre autorisait les « anciens propriétaires » des terres à reprendre possession de leur terre.

Au cours de l’hiver 1870-1871, durant la guerre Franco-Prussienne, la commune de BRON loge chez les habitants 160 à 200 gardes mobiles. L »Asile d’aliénés » proche de la commune en construction servira entre janvier et mai 1871 de logement à 3500 mobilisés.

Dès 1871, lors de la guerre franco-prussienne, l’inefficacité du système de fortifications en vigueur est démontrée lors des attaques de l’artillerie de l’assaillant sur les forts parisiens construits sur le modèle des forts lyonnais. En effet, la révolution industrielle a fait faire de tels progrès à l’artillerie (canon rayé, obus oblong …) que les forts de ce type ne peuvent résister.

Après le traité de Francfort, le Comité de Défense créé en 1872 entreprend d’étudier les causes de la défaite et de revoir le système de défense de la France. Raymond-Adolphe Séré de Rivières devenu Général est nommé Directeur du service du Génie au Ministère de la Guerre (28 janvier 1874). Il a pour mission de construire le nouveau système de défense qui portera son nom.

La défense de Lyon est l’une des priorités en raison des relations tendues avec l’Italie. Lyon est une « place forte » importante comme point de résistance situé au centre des nœuds de communications. Si la « place forte » a un rôle défensif, elle peut également servir de base de départ à un rôle offensif. Ainsi, dès 1875 le programme de construction commence.

Carte de la région lyonnaise montrant les différentes fortifications de 1831 à 1887
Les ceintures défensives de la Ville de Lyon

La fortification s’organise avec des forts isolés, séparés les uns des autres et éloignés de la ville d’une portée de canon. Quant au fort, il se conçoit comme un ensemble polygonal limitant les vides intérieurs autre que les circulations. Ses bâtiments sont protégés par d’importants massifs de terre où est placée l’artillerie.

C’est ainsi que quatre grands forts sont rapidement mis en chantier, celui du Mont Verdun à une quinzaine de kilomètres au nord de Lyon, celui de Bron à l’Est, de Feyzin au Sud et de Vancia au Nord. Les suivants sont plus éloignés de Lyon ( le fort de Meyzieu, construit en 1893 est à 14 km).(Voir la carte). Lyon devient alors le second camp retranché de France après Paris.

L’enceinte urbaine de 1884

La majorité des militaires sont plutôt hostiles à la réalisation  d’une enceinte de sureté venant compléter la ligne de défense des forts détachés, mais l’avantage pour la ville était surtout des raisons fiscales afin de permettre un meilleur rendement  de l’octroi (contributions indirectes perçues par la municipalité sur certaines marchandises).


Finalement une enceinte est réalisée de 1884 à 1887 (voir la carte). Cette nouvelle enceinte longue de 11 km environ est constituée d’un mur crénelé précédé d’un fossé. Elle comportait 8 bastions prévus pour recevoir de l’artillerie. Onze  portes avec des corps de gardes surveillent alors les passages routiers vers l’Est et le sud de Lyon (Voir la porte sur la route de Bron). La ville de Lyon abandonnant l’octroi dès 1901, l’enceinte n’aura plus d’intérêt. (Voir Bron Magazine Avril 2010) Aujourd’hui, on retrouve une grande partie du tracé  de cette enceinte en suivant le Boulevard Laurent Bonnevay (partie Est et Sud du Boulevard périphérique).